Mardi 16-avril-2013
La journée s’annonçait assez bonne pour faire un petit cross du Salève : léger vent d’ouest (5-10 kmh) et des plafs à 2000m. Je me dépêche de finir mon travail ce matin et à 13h je suis au parking du Coin. Une demi-heure plus tard, je suis au décollage où quelques pilotes ont déjà décollé.Ca à l’air de bien tenir et les deux voiles en l’air semblent pourvoir monter suffisamment haut pour partir dans la plaine derrière.

Décollage des Crêts à 13h40

Quelques voiles en l’air
Je déplie vite et en quelques minutes je suis en l’air. Je suis surpris par la tonicité des thermiques, surtout à cette heure. Les conditions me paraissent plus musclées que prévues surtout avec ce vent de sud-ouest de 15kmh. Je me rue sur les falaises d’Archamps où j’arrive à bien monter avec des pointes à +4 m/s. En quelques minutes je suis au maximum possible de 1700m.

Le décollage des Crets
J’hésite entre aller direction le Môle ou le sud du Salève. Je choisis la deuxième option où est installée une petite rue de nuages qui me permettra d’aller plus facilement sur Annecy. J’avance doucement contre le vent en tenant bien ma voile car les turbulences ne me laissent pas sereinement appuyer sur l’accélérateur. Les thermiques sont puissants et pas bien organisés ce qui me vaudra quelques petites fermetures et des points bas avant d’arriver sur le château d’Avenières. J’ai déjà le pressentiment que la traversée sur Annecy va être difficile.

Le chateau d’Avenières
Je dois scanner longuement au dessus du château avant de retrouver une ascendance qui me ramène à 1700m. J’aurais pu monter plus haut pour assurer une meilleure transition mais il faut respecter les limitations. Je me lance en direction du nuage au dessus de Cruseilles.

Cruseilles

Cruseilles et le lac d’Annecy
La transition se passe assez bien et je retrouve bien le thermique du nuage. Malheureusement, je ne comprends pas très bien comment il monte : parfois il décale ouest ensuite sud puis même nord selon la couche. A force d’essayer de le comprendre, je le perds et n’arrive plus à retrouver sa base. J’abandonne et me dirige vers le pont de la Caille où un autre nuage se forme.

Le pont de la Caille
Là rebelote, une thermique puissant mais difficile à exploiter pour les mêmes raisons. A force d’insister, je me retrouve trop bas et obligé de poser à Allonzier-la-Caille.

Posé à Allonzier
La route nationale est juste à côté ce qui me permettra en facilement rentrer en stop. En trois voitures je suis déjà au croisement du Châble. Je demande à mon chauffeur, Keith Richards, de me poser là. Il lui ressemble un peu avec sa clope au bec et surtout parce qu’il a rendez vous ce soir pour jouer de la guitare dans un concert en Suisse. Je n’ai pas eu le temps de demander le nom de son groupe mais je doute que ce soit les pierres qui roulent. J’ai fait le choix de prendre cette route qui mène directement au Coin plutôt que de passer par Collonges-sous-Salève. Au bout de 15 minutes, je me rends compte de mon erreur : peu de voitures passent par là un jour de semaine. Il reste 7km à faire jusqu’au parking du Coin, d’après mon GPS. Je me motive à faire cette distance en marchant pour faire un peu de sport. Ayant bavardé hier avec Martin Muller, je pense aux pilotes de la X-Alps qui doivent marcher quelques dizaines voir centaines de kilomètres par jour. Au bout de 30 minutes de plat, je me rends compte que je ne tiendrai pas aussi longtemps qu’eux. J’ai mal au dos avec mon gros sac et mal aux pieds dans mes petites chaussures inadaptés à de longues marches. Je tends le pouce aux peu de voitures qui passent, sans beaucoup de succès. Après avoir fait la moitié du chemin, un jeune s’arrête et m’amène jusqu’à ma voiture. Je suis soulagé mais un peu honteux d’avoir pas tenu ma résolution. Ca vole aux Crêts et j’hésite à monter pour re-voler. Finalement, je remballe tout dans la voiture en rentre doucement à la maison boire une petite bière fraiche.
Moralité du jour: en cross, moins on va loin, plus c’est difficile de revenir.